
Devenir Professeur de Yoga ?
Devenir professeur de yoga ? La posture du chien tête en bas à trois pattes – cours collectif de hatha yoga 1. L’enseignement du Yoga est-il un métier? Il existe actuellement plusieurs milliers d’enseignants du Yoga en France.Ce « boum » de la profession traduit une explosion du nombre de pratiquants, mais aussi un goût pour ce métier qui attire un nombre croissant de personnes souhaitant exercer une activité qui ait du sens.Ceci dit, la question de savoir si l’enseignement du Yoga peut être vu comme une activité professionnelle demeure: l’enseignement traditionnel du Yoga se faisait de maître à disciple, le premier choisissant le second après avoir éprouvé son sérieux et ses capacités, et jamais en ayant « fait de la pub » pour recruter des élèves.D’autre part, si les disciples, par leurs offrandes, pouvaient contribuer à la vie matérielle (ou plutôt à la survie, tant les conditions étaient parfois rudes, comme par exemple dans les montagnes enneigées de l’Himalaya) du maître, il n’était pas question d’argent. L’enseignement était dispensé gratuitement. En échange, le disciple s’engageait à servir le maître et à rester auprès de lui pendant de nombreuses années.En comparaison, le fait aujourd’hui que bien souvent les enseignants cherchent à se faire connaître du plus grand nombre, facturent leurs services, acceptent le « tout venant » et ne se soucient souvent plus de leurs nombreux élèves une fois le cours terminé paraît trancher radicalement avec la tradition et même l’éthique de « l’Inde Sacrée », comme l’appelle Paul Brunton. De là à affirmer que l’enseignement du Yoga ne peut pas constituer une activité professionnelle, il n’y a qu’un pas… que nous ne franchirons toutefois pas si facilement: En effet, il existe en Inde, depuis déjà au moins un siècle, en témoigne par exemple le rôle de Krishnamacharya auprès du Maharaja de Mysore, une habitude de louer les services d’un professeur de Yoga. Dans les familles aisées, il n’est pas rare de voir intervenir, une fois par semaine ou même quotidiennement, un « yogi », qui ne prétend pas être un sage réalisé, mais qui maîtrise les postures et les exercices respiratoires de la discipline, et qui vient donner son enseignement à la mère de famille souhaitant rester en forme, ou aux enfants pour les aider à se concentrer en classe, le tout en étant rémunéré. Le métier de professeur de Yoga n’est donc pas une invention occidentale, mais possède une existence indienne assez ancienne, et donc, une certaine légitimité. La transmission classique de maître à disciple tend à se raréfier. 2. Je ne me sens pas légitime. Dois-je abandonner? La question de la légitimité se pose en effet, et il est malhonnête de balayer cela d’un revers de main. Le dernier verset de la Haṭhayoga pradīpikā le proclame sans ambage au verset 114 du IVe chapitre: « Tant que le souffle vital parcourant la suṣumṇā n’a pas pénétré la porte de l’Absolu (brahmarandra) tant que le bindu n’est pas devenu immobile grâce à l’arrêt du souffle, tant que le mental n’a pas atteint l’état spontané grâce à la méditation, toutes les palabres sur la Connaissance ne sont que des discours faux et hypocrites. » Seuls les yogis sages et ayant atteint la maîtrise parfaite de l’énergie subtile et du mental seraient aptes à transmettre le Hatha Yoga. Les choses semblent claires… Comment concilier alors l’éthique et le respect de la tradition d’un côté, et le retour des élèves et des études scientifiques de plus en plus nombreuses sur les bienfaits du yoga, qui nous encouragent à transmettre cette discipline de l’autre? En général, le « yoga » transmis en cours est si éloigné du Hatha Yoga traditionnel qu’en effet, il n’y a pas de conflit entre les deux: il s’agit d’avantage d’un sport hygiénique et en dehors de précautions à prendre concernant les poignets et les épaules, il n’y a aucun problème spirituel. Le problème éthique en la matière concernerait plutôt l’utilisation du mot « Yoga » pour désigner tout autre chose, donc c’est un autre problème. En ce qui concerne l’enseignement d’un Yoga plus spirituel, la question se pose.Très peu d’enseignants de yoga répondent aux conditions énumérées ci-dessus, et malgré tout, nous sommes nombreux à désirer parler de spiritualité, de prāṇa, de cakras et de kuṇḍalinī à nos élèves. Il est possible de s’appliquer une règle simple: ne parler que de ce que l’on connaît:Avons-nous un ressenti du prāṇa? Parlons-en. Des cakras? Il n’est pas interdit d’aborder le sujet, mais le maître mot doit être « humilité ». Même si nous ressentons des choses, avouons aux élèves que nous ne sommes pas des « yogis », comme nous sommes trop nombreux à la clamer, mais des aspirants au Yoga, avec certes une certaine expérience des postures, du prāṇāyāma et de la méditation.Nous pouvons guider les élèves vers une pratique sans risques, sur le plan physique, respiratoire et méditatif, et c’est déjà beaucoup. Si certaines personnes veulent dédier leur vie au Yoga et à la méditation, ils sauront trouver, peut-être en Inde, un véritable yogi, sage accompli qui les initiera par son exemple. En attendant, cela ne nous dispense pas d’être exemplaires dans notre conduite, et de prendre le Yoga au sérieux pour le transmettre au mieux! Si vous pratiquez quotidiennement la maîtrise du souffle et la méditation, vous vous sentirez de plus en plus légitime. La pratique du pranayama vous donnera confiance dans la qualité de votre pratique et de votre enseignement 3. Combien gagnent les enseignants de Yoga? Pour simplifier, un enseignant de Yoga gagne de quelques centaines à quelques milliers d’euros par mois.Ce qui va déterminer le montant de vos revenus sera l’importance que vous donnez à cet aspect de votre activité. Si vous enseignez le yoga bénévolement, vous en retirerez une grande satisfaction personnelle. Si vous ne pensez qu’à l’argent, vous risquez de vous perdre dans les réseaux sociaux, la publicité et d’autres activités qui vous éloigneront de la paix de l’esprit, voire de l’honnêteté. D’une manière générale, il est tout à fait possible de gagner confortablement sa vie avec l’activité d’enseignement du yoga, mais pour garder l’ »esprit » de la discipline, mon conseil serait